Il y aura donc l’avant et l’après 11 septembre 2001. Qu’est-ce qui a changé sur la scène internationale depuis ce jour-là?
Un changement majeur dans les perceptions, et c'est peut-être pour cela que le traumatisme est énorme. Le monde n'est plus composé de deux parties, l'une où la violence est normale, banale et quotidienne que d'aucuns, cyniquement, appellent les wild zones (les zones sauvages) et d'autres, plus pudiques, les zones grises et le monde développé qui serait à l'abri de la violence sauf quelques touches terroristes, au total, assez limitées... Le choc, c'est que cette masse énorme de violence qui structure la vie internationale ne se concentre plus au Sud mais tend à se disséminer. Cette dissémination est double, et c'est peut-être là le deuxième traumatisme: d'abord, la violence se répand sur toute la surface du globe, y compris dans ses zones les plus sanctuarisées. Et, deuxièmement, elle n'est plus le fait d'Etats mais elle devient celui d'individus ou d'associations d'individus, voire d'entrepreneurs spécialisés dans la «vente» de violence. Bref, nous sommes entrés dans un monde où le marché de la violence est complètement déréglementé. Du coup, même si cela coûte de le dire, il y a, depuis mardi, une égalité devant la violence. C'est un traumatisme que le confort de nos sociétés aura beaucoup de mal à assumer.
Pour le reste, d'une manière plus ou moins confuse, on commence à se rendre compte de toutes parts qu'il est urgent de penser une nouvelle