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Libération

Solidarité occidentale, schizophrénie musulmane, indifférence latino-américaine

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Deux cent mille personnes se sont réunies à Berlin, porte de Brandebourg. Dans les pays arabes, le divorce est consommé entre les autorités et la rue.
publié le 15 septembre 2001 à 0h49

Tous les visages graves, depuis mardi, semblaient rassemblés vendredi soir à la porte de Brandebourg, le monument le plus symbolique de Berlin. 200 000 personnes étaient là, a annoncé le président Johannes Rau qui, avec tous les partis d'Allemagne, avait appelé à cette manifestation. «Sans l'assistance de l'Amérique par le passé, nous ne pourrions pas être là, a rappelé Rau, à l'endroit même où passait le mur de Berlin. Pour cela, nous disons: l'Amérique n'est pas seule.»

Deux fois déjà, le pays s'est arrêté pour célébrer la mémoire des victimes: cinq minutes jeudi, à l'appel des syndicats et du patronat, et trois minutes, vendredi, pour la journée européenne de deuil. «A l'école, tous les jours, nous avons observé un moment de silence», raconte Diana, 19 ans. Quelques banderoles sont aussi brandies, pour implorer les Américains: «Non à des représailles militaires. Assez de morts.»

Pas de silence à Belgrade

Vendredi avait été sacré jour de deuil pour les attentats aux Etats-Unis sur l'ensemble ou presque de la planète. Officiellement, publiquement, sincèrement le plus souvent, un élan eut bien lieu, jusqu'en Iran, considéré par les Etats- Unis comme «un pays soutenant le terrorisme». Pour la première fois depuis 1978, le prêche à la Grande Mosquée de Téhéran ne s'est pas terminé hier par: «A bas l'Amérique!»

Mais au-delà de l'émotion réelle et des homma ges conventionnels, ces cérémonies ont surtout eu pour effet paradoxal de mettre au jour non la communion, mais les fractures.