Menu
Libération

Nous ne sommes pas tous américains

Article réservé aux abonnés
publié le 20 septembre 2001 à 0h51

Nous ne sommes pas tous américains car nous n'avons pas la prétention d'être les meilleurs ni la conscience d'un monde dominé par l'argent et le profit. Non, nous ne sommes pas tous américains car nous n'avons pas engendré le monstre pour le traiter ensuite de «renégat» comme l'a fait sur toutes les chaînes de télé l'ambassadeur des Etats-Unis à Nairobi. Nous n'avons pas non plus lancé des bombes au napalm sur les populations civiles au Viêt-nam. Je partage comme tous les gens sensés le chagrin du peuple américain. J'ai été horrifié par les attentats terroristes qui ont frappé l'Amérique. Mais je voudrais dire que d'autres ont payé de leur vie, eux aussi, leur engagement dans le combat contre le terrorisme islamiste. Ugur Mumcu, par exemple, éditorialiste du quotidien turc Cumhuriyet, ou Taner Kislali, prof à la faculté des sciences politiques d'Ankara. Et tous mes confrères, en Turquie, en Algérie et ailleurs qui furent la cible des attentats islamistes. Personne n'a eu alors l'idée de dire «nous sommes tous algériens» quand les victimes du FIS se comptaient par milliers.

Je suis surpris d'entendre des mots comme «vengeance», «civilisation» ou «barbarie» qui sont d'un autre âge et qui connotent, de la part de ceux qui les utilisent, la légitimation d'une agression guerrière à l'échelle mondiale. Pourtant, le monde dit «civilisé» n'est-il pas coupable de l'esclavage et du plus grand génocide du siècle passé? Le président Bush est persuadé que son pays incarne le Bien et qu'il