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Libération

Pour la victoire de l'état de droit la fin ne justifie pas les moyens

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publié le 21 septembre 2001 à 0h52

Une riposte «dévastatrice et prolongée», voilà ce qui a été annoncé par George W. Bush. Nul doute que la barbarie des crimes commis, l'immensité des souffrances endurées, le caractère massif des traumatismes occasionnés rendent d'une façon exceptionnellement légitime, l'identification et le châtiment des coupables et de leurs complices.

Pour autant, lorsqu'un Etat de droit considère, comme le clame le président américain, que la fin justifie les moyens, c'est l'état de droit qui souffre.

Or, on sait qu'une action même illégale, à l'échelon individuel ou collectif, peut finalement être perçue comme admissible si son ressort est une telle densité de souffrance que chacun la trouve finalement excusable, la confusion entre «légitimité» et «légalité» n'étant cependant pas sans risques.

Le 12 septembre, à la hâte et de façon inhabituellement confidentielle, le Conseil de sécurité (1) de l'ONU a adopté à l'unanimité la résolution n° 1368 aux termes de laquelle a été reconnu aux Etats-Unis le droit à l'emploi de la force armée, compte tenu des menaces à la paix et à la sécurité internationale.

L'ambiguïté de cette résolution est évidemment la signature de l'émotion et de la précipitation avec laquelle elle a été prise.

On rappellera d'abord qu'en vertu de l'article 51 de la Charte des Nations unies, «aucune disposition de la présente charte ne porte atteinte aux droits naturels de légitime défense individuelle ou collective dans le cas où un membre des Nations unies est l'objet d'une agr