Pour faire mal, non seulement les terroristes ont visé juste mais ils ont tiré au moment opportun, quand Corporate America trébuchait au seuil de la récession. Celle-ci s'est ainsi faite plus menaçante que jamais, l'onde de choc des attentats s'en trouvant multipliée aux dimensions de l'économie-monde. Jusqu'à présent, les autorités monétaires et financières ont enrayé la panique au profit d'une retraite graduelle. Les digues tiendront-elles?
L'économie marchait déjà sur la tête, portée par le seul entrain des consommateurs. Mais, des deux côtés de l'Atlantique, les indices de «confiance en l'avenir» tiraient au noir. Il est douteux qu'ils se redressent de sitôt, le patriotisme du lèche-vitrines ayant des limites. Le scénario le plus rose prévoit désormais une reprise plus tardive et moins forte que pronostiquée. Les pessimistes, eux, ne mettent guère de limite à leur morosité.
Le gouvernement républicain de Washington se trouve en position curieuse de requinquer l'économie sur fonds publics exactement le contraire de son credo. Les amateurs de plans de relance risquent pourtant d'être déçus. Washington, malgré les licenciements qui s'abattent en rafales de dizaines de milliers, entend limiter son renflouement à quelques secteurs comme le transport aérien. Pour le reste, l'instrument des baisses fiscales garde les faveurs de l'équipe en place et la main invisible agira avec son habituelle cruauté chirurgicale.
C'est là un chemin que les Européens ne risquent pas de prendre. L