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Libération

«AZF n'était pas une usine pourrie»

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Bien que choqués par la mort de leurs collègues, les ouvriers poussent à la reprise.
publié le 24 septembre 2001 à 0h54

Toulouse envoyée spéciale

Aux grilles de ce qu'il reste de l'usine d'engrais, ils ont les larmes aux yeux. Depuis deux jours, les ouvriers de l'usine de Grande Paroisse sont revenus sur leur lieu de travail. Pour sécuriser les installations qui restent debout ou pour donner un coup de main aux sauveteurs. Paradoxalement, alors qu'elle vient de tuer des camarades de travail, aucun des ouvriers ne semble avoir de haine contre l'usine. La plupart attendent de reprendre le boulot, dans la partie sud du site, épargnée par l'explosion. Samedi, lors de sa deuxième visite sur le site, Thierry Desmarest, président de TotalFinaElf, a été interpellé par des contremaîtres, casques bleus sur la tête: «Monsieur le président, tout est prêt, il faut repartir. On n'attend qu'un mot de votre part. Il faut le faire, pour nos camarades.»

Opacité. Pour le moment, le site, ainsi que la poudrière de la SNPE et l'usine Tolochimie, a interdiction de reprendre le travail, par arrêté préfectoral. Mais les salariés poussent à la reprise. «Je ne peux pas imaginer qu'un gars soit responsable de ce qui s'est passé, dit Dominique. Si on ne reprend pas, les gens autour vont finir par croire qu'on a fait une connerie. Et ils nous feront fermer». Ils, ce sont les habitants des alentours, les politiques, les envoyés de l'Etat. Ceux qui, dans l'esprit de nombreux salariés, «ne comprennent rien». «On n'allait pas au travail la peur au ventre, explique Daniel. Celui qui vous dit ça est un menteur. On allait bosser,