Tous innocents! Certes, au lendemain de catastrophes civiles, il est rare que les responsables passent aux aveux spontanément, mais le drame de Toulouse offre un assez consternant spectacle de défausse généralisée. Comme si les autorités politiques, administratives et industrielles étaient surtout rompues à esquiver les pièges de futures incriminations judiciaires ou politiques plutôt que de témoigner d'une volonté réelle de faire en sorte que pareille chose ne se reproduise un jour. A croire que la découverte d'une piste criminelle peu probable encore hier soir serait quelque part une sorte de soulagement secret pour beaucoup, en ce qu'elle permettrait d'esquiver des questions trop dérangeantes. A commencer par ce constat accablant d'un autisme généralisé sur les risques encourus. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, ou sur une longue durée, une collectivité, des institutions se refusent à entendre une vérité qui dérange? Vaste problème qui trouve, comme par une cruelle coïncidence, sa résonance avec l'Amérique, frappée au coeur de ses villes, alors même que les services de sécurité concernés n'ont pas tenu compte des messages alarmistes qui leur parvenaient. Se détourner des sirènes d'alerte, c'est aussi une manière de conjurer le pire. A Toulouse, les avertissements des écologistes et des associations locales qui, depuis des lustres, soulignent les dangers d'une usine comme AZF dans un environnement urbain, n'ont servi à rien. Au nom de l'emploi à sauvegarder, de
Éditorial
Défausse
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publié le 24 septembre 2001 à 0h54
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