La guerre new-look promise par Bush reste sans visage. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle ne ressemblera pas aux précédentes. La volonté de Washington de tisser une alliance aussi exhaustive que possible cède le pas à son souci de ne pas dévoiler ses batteries. De là une réaction identique, presque au mot près, de l'Union européenne et des monarchies du Golfe: d'accord pour coopérer militairement en vue d'«objectifs clairs», mais pas une solidarité à n'importe quel prix. La désunion militaire de l'Europe se révèle une fois de plus: la Grande-Bretagne fait à nouveau cavalier seul et retrouve son rôle de premier compagnon d'armes des Etats-Unis. Sa culture très va-t-en-guerre, certes traditionnelle, contraste avec les prudences continentales. Sont ainsi discrètement écartés les progrès récents de l'idée d'une défense commune des pays européens au service d'une politique étrangère partagée. Officiellement, l'UE parle d'une seule voix. Dans les faits, elle a deux chansons.
Parmi les Etats du Golfe, l'Arabie Saoudite, comme la Grande-Bretagne mais en sens inverse, prend aussi quelques distances avec ses voisins et amis. Alors même que la monarchie de Riyad constitue l'alpha et l'oméga de la politique proche-orientale des Etats-Unis, ceux-ci n'ont pas été en mesure jusqu'à présent de l'amener à rompre diplomatiquement avec les taliban, à la différence des Emirats, par exemple. Et l'usage de bases en Arabie comme tremplin militaire n'est pas acquis.
Ces divergences d'appréciation parm