Dijon envoyé spécial
Quelques milliers d'Afghans vivent en France, réfugiés depuis longtemps (ceux qui ont fui le régime mis en place par les Soviétiques) ou depuis peu (ceux qui ont fui le régime taliban). A Dijon, ils sont une centaine.
Cher-Aga vient d'arriver avec sa femme et leurs cinq enfants âgés, de 2 à 16 ans. Ils sont hazaras (donc chiites), particulièrement honnis par les taliban. Cher-Aga a fait des études de pharmacie à Kaboul puis a ouvert une officine à Dgarouri, une bourgade proche de Bamyan, loin des communistes de la capitale. Lorsque le régime est tombé en 1992, il a voulu revenir à Kaboul mais «toutes ces histoires de commandants rivaux» l'en ont dissuadé. «La vie était instable, mais quand les taliban sont arrivés il y a deux ans, c'est devenu invivable.» Et plus encore pour les hazaras. Cher-Aga raconte les atrocités, les exécutions sommaires. Et le reste. «Ils ont imposé le voile à toutes les femmes mais cela ne les empêchait pas d'enlever des jeunes filles, j'ai été témoin de cela.» Ses propres filles fréquentaient des écoles clandestines. Mais la peur grandissait. «Jamais je ne pensais que je quitterais mon pays».
Des années de frayeur
Après un périple de quarante-cinq jours, il est arrivé en France, clandestinement, le 5 septembre, sans parler un mot de français. Une semaine plus tard, Massoud était mort, l'Amérique durement touchée. «Je me demande si tout cela n'est pas lié», s'interroge Cher-Aga, avant d'ajouter: «Ce que je sais, c'est que Ben Laden e