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Libération

La septième plaie du Mirail

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Insécurité, émeutes en 1998... le quartier est encore une fois aux avant-postes.
publié le 24 septembre 2001 à 0h54

Toulouse de notre correspondant

D'abord, s'écrase au sol la carcasse d'un vieux téléviseur. Puis suivent une chaussure, un tapis, un trognon de poire, du verre et encore du verre. Cette pluie-là est comme la septième plaie du quartier du Mirail. Les habitants de la barre Vincent d'Indy n'ont pas d'autre moyen de dégager leurs appartements soufflés par l'explosion d'AZF: ils basculent tout par-dessus bord. Les chaises et les gravats qui tombent des balcons du dixième étage n'empêchent pas une petite équipe de trois ferrailleurs de passer entre ces drôles de gouttes pour récupérer au sol les montants de fenêtre en alu.

Vue «dégagée». Le vieux Mansour, lui, se contente de récupérer un morceau de contreplaqué qui a atterri sous les grilles du collège de la Reynerie. Ce sera pour fermer son logement, situé au deuxième étage de la barre, qui est désormais ouvert à tous les vents. Parce qu'il n'y a même plus de cloisons extérieures. Le Placoplâtre renforcé qui habille la façade entre les structures de béton est tombé lui aussi. «Tout a explosé dans la journée. La nuit, ce serait tombé sur le lit de mon fils. Inch' Allah!»

Au neuvième étage, la chute de ces cloisons a dégagé la vue de l'aide-soignante zaïroise Léonie Papon. Les tours fumantes d'AZF sont à environ deux kilomètres, droit devant. La femme a d'abord reposé sur son étagère le téléviseur qu'elle a retrouvé ouvert en deux en entrant chez elle, après l'explosion. Le volet extérieur veut bien encore coulisser sur son rail. Plus