Dans sa carte géopolitique, Lionel Jospin tablait sur une ligne de front stabilisée en Corse. Le processus de Matignon, adopté en première lecture à l'Assemblée nationale, lui laissait même espérer une relative paix des armes jusqu'à la présidentielle. Faux espoir.
Prétexte. La Corse réserve au candidat potentiel du PS à la présidence son lot d'ennuis. Hier, les militants et les huit conseillers territoriaux de la coalition électorale Corsica nazione ont décidé de suspendre, jusqu'à nouvel ordre, leur soutien au processus de Matignon. Cette résolution fait suite à la série d'interpellations opérées ce week-end dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Jean-Michel Rossi. Elle a été adoptée à la quasi unanimité à une heure du matin, malgré la libération des neuf nationalistes à l'issue de leur garde à vue.
Un des élus de Corsica nazione considérait que «ce coup de filet [avait] servi de prétexte». «Les durs du mouvement ont profité de l'action des flics de la division antiterroriste pour porter un coup au processus de Matignon.» Paul Medurio, ancien du Mouvement pour l'autodétermination (MPA), membre de l'exécutif d'Indipendenza, plaidait même pour une rupture totale du processus de Matignon. Parmi les élus de Corsica nazione, certains regrettent qu'en «optant pour cette position les nationalistes corses aient fait leur choix pour la présidentielle. Il ne passe pas par Lionel Jospin. Aujourd'hui l'Union des combattants-FLNC a repris la main».
La nuit blanche des militants de