Camp de Naoabad (nord de l'Afghanistan)
envoyé spécial
Ils se sont installés sur une langue de désert affreuse, sans un brin d'herbe, avec un seul puits pour un millier de familles. Soit six à sept mille personnes. Ici, le sol et le ciel sont réunis par la même brûlure, la même barbarie incandescente du soleil. Naoabad accueille une population qui a fui les taliban lorsque ceux-ci se sont emparés, l'an dernier, de Taloqan capitale de la province de Takhar après un siège de trente-trois jours.
Comme aucune organisation internationale n'a voulu les prendre en charge, pour ne pas que soit bâti un camp permanent et que commence une assistance humanitaire dans la durée, c'est le désert qui les a accueillis. Cela donne aux réfugiés beaucoup de place; aussi les abris et les tentes n'ont-ils pas besoin d'être serrés les uns contre les autres. En revanche, ces réfugiés de l'intérieur sont loin de tout: le gros bourg de Khodja Bahaouddin et son bazar sont à une trentaine de kilomètres et la piste qui y conduit est dure et éprouvante.
Un vieillard raconte d'emblée que les réfugiés, ici, sont des Tadjiks, des Ouzbeks et des Turkmènes soit les trois principales ethnies persanophones d'Afghanistan. «Il n'y a aucun Afghan parmi nous», ajoute-t-il, appelant ainsi les Pashtouns par leur ancien nom, celui qui les désigne comme fondateurs de l'Afghanistan. Les taliban sont essentiellement des Pashtouns, ce qui explique les peurs des populations persanophones de la région de Taloqan.
Rivière d