Après les attentats du 11 septembre, l'économie mondiale joue à quitte ou double quitte pour une bonne claque ou double de tourments. Les ravages économiques imputables aux attentats sont déjà patents: des centaines d'avions de ligne cloués au sol (et déjà des centaines de milliers d'employés licenciés), les hôtels vides comme la moquette des vendeurs de bagnoles. Ce constat morose n'est que provisoire: c'est par milliers que les entreprises annulent des projets d'investissements et les remplacent par des mesures d'économie. Bien que le mot de «récession» y soit l'objet d'un véritable tabou, il est de plus en plus employé outre-Atlantique, tant celle-ci semble inévitable aux plus incurables des optimistes.
Après tout, les alternances cycliques d'euphorie et de déprime font partie du capitalisme depuis qu'il existe. L'impudence des zélotes de la «nouvelle économie» a été de prétendre sortir de cette fatalité alors même que leurs louanges participaient d'une surproduction dans le domaine de la high-tech qu'il s'agit aujourd'hui de digérer. Les Boeing reçus en plein coeur ajoutent une perplexité à une incertitude: les cycles sont capricieux par nature et les attentats (et surtout leurs suites) ouvrent une période historique qui brouille les repères habituels. Or aller à l'aveuglette est exactement ce que détestent les acteurs économiques.
Plus personne ne croit que les dysfonctionnements du capitalisme préludent au grand soir de l'avenir radieux. On ne peut malheureusement en a