Plus amples elles sont, plus fragiles sont les coalitions. Ainsi en va-t-il de cette vaste alliance antiterroriste tissée par les diplomates américains. En ratissant large pour assurer leurs arrières, les Etats-Unis accumulent des contradictions, entre nouveaux coalisés, mais aussi entre ces derniers et eux-mêmes. Autant de sources de complications ultérieures, voire de ruptures, à moins que Washington ne procède, au nom du réalisme antiterroriste, à de lourds et durables réajustements diplomatiques. Si tel était le cas et, à en croire les informations venant des Etats-Unis, il semble que ce le sera , ces réexamens pourraient se faire pour l'essentiel sur le dos des droits de l'homme et des progrès démocratiques. Donc au bénéfice de régimes pour le moins autoritaires.
C'est exactement ce que l'on attend aussi bien en Chine qu'en Russie: ici un sérieux bémol dans les critiques occidentales concernant la colonisation du Tibet et la lutte contre l'irrédentisme des musulmans ouïgours, voire celle contre le «séparatisme» taïwanais; là, une mise en sourdine des protestations contre la guerre en Tchétchénie, la normalisation des médias et les tentatives de mise au pas de la Géorgie. Autres profiteurs: les potentats d'Asie centrale, à commencer par l'Ouzbek Karimov, dont les méthodes expéditives ne sont pas pour rien dans le développement d'un islamisme régional.
Les maillons les moins fiables de la nouvelle alliance se situent un peu plus au sud. Ce sont le Pakistan et l'Arabie Sa