Les Etats-Unis peuvent-ils impliquer la République islamique d'Iran dans la lutte antiterroriste? La con damnation sans réserve des attentats du 11 septembre et pour une fois à l'unisson des conservateurs et des réformateurs le laissait supposer. Jusqu'à ce qu'une diatribe du «guide» de la révolution Ali Khamenei, mercredi, fasse planer le doute sur les intentions de l'Iran. «Pendant vingt-trois ans, vous [les Américains] avez constamment attaqué les intérêts iraniens. Comment osez-vous demander notre aide pour attaquer un pays musulman et opprimer l'Afghanistan qui est notre voisin?», s'est écrié le chef de file des conservateurs, en lançant: «Pas question d'aider les Etats-Unis.»
Le président réformateur Mohammad Khatami n'a pas paru plus conciliant, accentuant l'impression d'une valse-hésitation de l'Iran au moment où une troïka européenne, emmenée par le ministre belge des Affaires étrangères, y arrivait la semaine dernière. «Il ne faut pas s'y tromper, considère pour tant un expert iranien. Les principaux ennemis des mollahs aujourd'hui ne sont ni les Etats-Unis ni "les sionistes", mais l'extrémisme guerrier wahhabite incarné avant le 11 septembre par la jonction Afghanistan-Pakistan-Arabie Saoudite qui commençait à prendre l'allure d'une alliance. La concurrence du radicalisme islamiste wahhabite, qui a ravi à l'Iran son rôle de chef de la contestation du monde musulman, inquiète en outre au plus haut point la République islamique. Du coup, celle-ci a été soulagée q