Quetta (Pakistan) envoyé spécial
Les taxis collectifs qui font l'aller-retour entre la frontière afghane et la capitale du Baluchistan doivent traverser des plaines désertiques jalonnées de montagnes arides. La sécheresse qui sévit depuis des années sur cette région n'est pas tendre avec les véhicules cabossés, qui arrivent recouverts de cette poussière ocre et tenace qui saupoudre tout le paysage. Par fournées de trois ou quatre débarquent des voyageurs enturbannés qui époussettent leurs caftans. La plupart sont des taliban vêtus de noir qui viennent de Kandahar, la ville où règne l'«émir d'Afghanistan» et chef suprême des taliban, le mollah Mohammed Omar. Depuis l'arrivée au pouvoir des «étudiants islamiques» en 1996, Quetta sert en fait de base arrière à la capitale du régime taliban. Ses nombreuses écoles coraniques lui fournissent des recrues, les services secrets pakistanais armes et logistique, et le parti islamiste pakistanais Jamaat Ulema-e-islam (JUI) un appui politique.
«Sauf-conduit». Désormais en passe d'être lâché par le gouvernement pakistanais (lire page 7), le pouvoir taliban paraît avoir du mal à enrayer son effondrement. A Kandahar, assurent les voyageurs fraîchement débarqués, on mobilise en prévision d'un assaut américain: «Des tranchées ont été creusées et l'artillerie disposée un peu partout.» En début de semaine, 10 000 combattants fidèles au «Mollah suprême» ont manifesté contre l'Amérique, le doigt sur la détente de leurs kalachnikovs. Les taliban n'o