L'écrasement d'un avion de ligne sur la mer Noire est soit un accident regrettable (le dégât collatéral d'une armée en manoeuvre, sinon en déroute) soit un acte de terrorisme. Si c'est bien un missile qui a abattu le Tupolev de Sibir, il était ukrainien, ce qui provoquera un immense soulagement dans les couloirs du pouvoir planétaire: Kiev ne veut de mal à personne. Par les temps qui courent, tout est en effet préférable au grand méchant loup terroriste, même la décrépitude des armées post-socialistes. Pourtant, celle-ci n'a rien de très réjouissant. On ne s'éloigne avec elle des affres géopolitiques que pour mieux y revenir.
L'extraordinaire panoplie guerrière qu'avait assemblée l'Union soviétique et qui a fait d'elle une des deux superpuissances a été partagée entre les fragments étatiques issus de l'ancien empire sans que ceux-ci (à commencer par la Russie) aient réellement les moyens financiers et techniques d'en assurer la maintenance. Ce fait, particulièrement inquiétant dans le domaine nucléaire, mais aussi chimique et bactériologique, justifie de la part des Occidentaux une approche qui donne une priorité à la collaboration. Ce n'est pas toujours le cas. Une petite part des crédits envisagés pour le bouclier antimissile de Bush (à supposer que celui-ci n'ait pas sombré dans l'attaque du WTC) serait mieux employée, d'un simple point de vue sécuritaire, à aider les rejetons de l'Armée rouge à contrôler effectivement leurs systèmes d'armes les plus périlleux.
Or l'acciden