Islamabad envoyé spécial
La dernière ambassade des taliban au monde est une maison bourgeoise un peu décrépite, située dans le feutré quartier diplomatique de la capitale pakistanaise. Pas de plaque sur le mur d'enceinte ni drapeau blanc des taliban. Seule la présence continue devant le portail en fer forgé de journalistes cherchant à grappiller quelques informations indique l'intérêt du lieu. Les militaires pakistanais en faction, sont nerveux.
«Coeur politique». La mission joue aujourd'hui un rôle primordial. C'est l'intermédiaire obligé et unique avec les taliban, depuis un pays le Pakistan facilement accessible et qui n'a jamais rompu ses relations diplomatiques avec l'Afghanistan, quel qu'ait été le pouvoir à Kaboul. Ainsi, l'envoi à deux reprises d'émissaires pakistanais à Kandahar, le fief des taliban, s'est négocié ici, de même que l'organisation de convois humanitaires des Nations unies. Tous les messages que le monde veut faire passer aux taliban transitent par ces locaux tristes et dénudés. L'ambassadeur britannique s'y est rendu pour s'enquérir du sort de la journaliste du Sunday Express retenue en Afghanistan et Kenzo Oshima, le coordinateur des Nations unies pour les opérations de secours, y a aussi effectué une visite. «Cette ambassade, c'est le coeur politique des taliban à l'étranger», insiste le journaliste Imtiaz Gul.
A l'intérieur, la peinture est défraîchie, le mobilier inexistant. On ne trouve même pas de portraits du Mollah Omar, le guide suprême des