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Libération
Éditorial

Double mission

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publié le 6 octobre 2001 à 1h11

A guerre nouvelle, nouveaux paradoxes. Un sac de farine sous un bras, un fusil d'assaut sous l'autre, les Américains ont une drôle de tête aux portes de l'Afghanistan. Deux missions se croisent: nourrir les affamés et châtier les coupables. Elles ne sont pas contradictoires et peuvent même se révéler complémentaires. Mais elles peuvent aussi se heurter violemment. Si par exemple, la guerre et ses ravages excèdent les capacités humanitaires. Autre signe des temps: avant même qu'un premier coup de feu ait été tiré, les couloirs de la diplomatie bruissent déjà de l'après-taliban. On échafaude des combinaisons subtilement balancées entre forces politiques et ethnies, au risque d'être rapidement démenti dans un pays notoire pour ses querelles intestines ­ aussi farouches qu'imprévisibles ­ qui ont nourri l'anarchie des «chiens de guerre» d'avant les taliban. Or, avant de refaire l'Afghanistan, il faudra défaire ces derniers, ce qui n'est pas encore acquis. Ensuite, il restera à trouver Ben Laden.

Quoi qu'il en soit, la meilleure mesure de l'action engagée restera le sort des civils. Depuis plus de vingt ans, ceux-ci ont descendu, marche après marche, l'escalier du pire, les taliban ayant ouvert un ultime cercle de l'enfer. Aujourd'hui, le spectre de la famine s'ajoute aux préparatifs de guerre.

C'est un double défi que doivent relever les Américains, et plus largement les Occidentaux: le militaire et l'humanitaire, et ce malgré le risque de représailles terroristes. Celles-ci ne re