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Libération
Éditorial

Identité collective

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publié le 6 octobre 2001 à 1h12

Qu'il ait fallu près de quarante ans après l'indépendance pour que l'ancienne puissance coloniale française et la nouvelle nation algérienne se confrontent sur un stade pour un banal match de football, n'est jamais que l'illustration supplémentaire d'un passé qui ne passait pas. C'est au moins autant de temps qui aura été nécessaire pour que les plus hautes autorités de notre République admettent solennellement que la guerre «sale» laissa des traces dont on reste comptable et que la France avait une dette d'honneur vis-à-vis des harkis pour les injustices et humiliations subies.

Ce match aurait pu servir de ponctuation festive à cette normalisation tardive, mais tout concourt à le charger de bien d'autres fardeaux symboliques. Ce n'est pas seulement la coïncidence dans le temps avec les avions-suicides. Après tout, les Algériens ont été exposés et le demeurent hélas encore, à une semblable barbarie.

Mais comme souvent le football a aussi affaire ici avec l'identité collective, non celle des Français qui se satisfait de l'épopée triomphale de ses Bleus depuis trois ans, mais celle des Algériens de souche, de parenté ou de tradition

qui peinent à trouver leurs marques entre un pays

de référence en pleine déliquescence et un pays d'accueil où l'intégration n'est pas un chemin sans embûches ni impasse.

Mal de vivre aux racines sociales que bien d'autres communautés issues de l'immigration peuvent connaître, mais aggravé par la profonde résonance, ici en France, de la révolte kabyle c