Alger correspondance
Tout a commencé après les émeutes d'octobre 1988 où des milliers de jeunes avaient déferlé dans les rues d'Alger et des grandes villes du pays. «Celui qui n'a pas de Stan Smith (1) n'est pas un homme», crient alors dans les stades les jeunes protestataires. En plein match, ils brandissent fièrement leurs baskets Adidas, butin de leur révolution à eux, celui du pillage de ces magasins inabordables quand on n'a d'autre avenir que de «tenir les murs». En Algérie, le foot, c'est plus qu'un sport, c'est la seule banderole qu'on peut brandir dans ces dernières années de parti unique, quand tout est verrouillé. C'est l'époque où des stades entiers hurlent «Bab el Oued Echouhada» («les martyrs de Bab el Oued») en hommage aux dizaines de jeunes tombés sous les balles de l'armée le 11 octobre 1988 dans ce quartier populaire. Dès lors, les stades deviennent le baromètre de la rue. Ils le sont restés. Avec leurs codes propres: aujourd'hui encore, on continue de crier «Bab el Oued Echouhada» chaque fois que des jeunes tombent sous les coups des forces de sécurité.
Parapluie. Loin de tempérer la fougue des tribunes, l'avènement du multipartisme en 1989 va l'aviver. La brusque sensation de liberté, l'appel d'air que crée l'effondrement du monopole d'Etat dans la presse stimulent l'imagination des supporters et donnent naissance à cet humour «sans pitié» envers les gouvernants. Le classique de l'époque, c'est ce parapluie qu'aucun amateur de football n'oublie alors, quel