La nouvelle rasade de bombardements sur des positions sensibles d'Afghanistan prélude semble-t-il à d'autres semblables. Il n'y a pourtant pas grand-chose à casser en Afghanistan, pays pratiquement retourné à l'âge de pierre avant les premières bombes américaines. On peut reconnaître là la patte stratégique américaine qui fait d'une absolue domination préalable une condition sine qua non d'engagement de ses forces. Contre une mouche, plutôt deux pavés qu'un seul. Même si les Etats-Unis ont tacitement renoncé en cette occasion à leur doctrine «zéro mort», ils persistent dans leur théorie d'une supériorité massive acquise dès l'ouverture des hostilités.
Ces frappes aériennes ne sont que le lever de rideau d'un conflit dont on nous assure qu'il durera longtemps. Pour s'en convaincre, il suffirait de compter le nombre de fois où le président Bush a prononcé le mot «patience» dans son adresse à la nation, et cela sans écarter des frappes contre d'autres pays. Les dirigeants américains agissent comme s'ils voulaient par avance mettre en garde contre une assimilation de ce conflit avec les deux précédents où l'aviation américaine avait donné le signal des opérations, ceux du Golfe et du Kosovo, qui n'ont duré que quelques semaines ou mois. Il semble que nous soyons cette fois-ci placés devant une tout autre échelle de temps.
La gestion de cette durée ne sera pas le moindre problème de Washington. La réaction pacifiste, aux Etats-Unis même ou parmi les populations de leurs principaux