Islamabad envoyé spécial
Casquée, boucliers en avant et bâtons à la main, la police d'Islamabad encercle quelques centaines de manifestants qui scandent «Jihad! jihad!» («guerre sainte») et «Allah est grand». Pour parer à tout débordement, des dizaines de policiers en tee-shirt noir siglé «antiterrorist» et armés de fusils d'assaut ont été déployés sur ce carrefour animé du quartier d'Appara. Des enfants de 10 à 15 ans crient «Bush est un chien» en brandissant des fusils en plastique, puis s'acharnent à enflammer une effigie du président américain qui peine à se consumer. «La CIA est l'organisation la plus terroriste du monde», lance la voix rauque d'un orateur du Jamiat Ulema-e-islam, un petit parti islamiste extrémiste.
Dans la foule d'à peine 500 personnes, exclusivement des hommes, certains se cachent le visage sous un foulard palestinien pour brandir des portraits d'Oussama ben Laden, et des banderoles menaçantes: «Si l'Amérique n'abandonne pas sa politique terroriste, les musulmans pourchasseront les Américains partout dans le monde.» «Si la France aide les Etats-Unis, l'Europe ne connaîtra plus la paix», souffle dans la foule Zafar Sidiri, manifestant qui se présente comme un étudiant en doctorat de finance. «En finance islamique, précise-t-il, car nous sommes contre la prise d'intérêts.» «Nous attendons le signal des oulémas (dignitaires religieux, ndlr), lance-t-il. S'ils déclarent le jihad, je suis prêt à me battre contre les Américains en Afghanistan ou contre le pr