«Après le 11 septembre, passé le choc, nous nous attendions à des réactions ambiguës de la part des Européens. Dans les rédactions américaines, notamment, il y a cette vieille idée, dépassée maintenant, que l'Europe est par nature anti-américaine. En fait, nous avons été étonnés par la profondeur avec laquelle les Européens, et notamment les Français, ont exprimé leurs sentiments, sur le plan politique autant que sur le plan émotionnel, à part quelques extrémistes. C'est une bonne surprise.
«Dans le monde arabe, l'antiaméricanisme est exacerbé, depuis la guerre du Golfe notamment, et il n'est pas exclu que l'explosion redoutée à cette époque ait lieu aujourd'hui. Je suis frappé par la rage des jeunes Saoudiens, pourtant favorisés économiquement. Dans les semaines qui ont précédé le 11 septembre, beaucoup passaient leur temps à s'envoyer des messages antiaméricains sur leurs téléphones portables. Que cela se passe dans ce pays, principal allié des Etats-Unis dans cette région, est très grave sur le plan stratégique.
«Je crois que l'attitude du gouvernement Bush, qui n'a absolument rien fait en matière de politique au Proche-Orient pendant les huit premiers mois de son mandat et a volontairement ignoré les signaux lancés là-bas, est responsable de l'amertume à l'égard des Etats-Unis. Les attentats sont l'occasion pour l'Amérique de se remettre en question, d'affronter les conséquences de sa politique au Moyen-Orient et d'avoir une politique plus engagée. Et le problème du décala