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Libération

Deux siècles de «Grand Jeu»

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Pakistan, Iran, Russie, Ouzbékistan, Etats-Unis: autant de stratégies qui s'opposent dans la région.
publié le 16 octobre 2001 à 1h16

Jebel Saraj envoyé spécial

Pour la troisième fois de son histoire, l'Afghanistan constitue l'échiquier central d'une partie mondiale qui, à nouveau, dépasse largement ses propres acteurs et ses capacités à en maîtriser les enjeux. Dès 1809, ce pays, profondément enclavé et aux confins de trois mondes ­ persan, indien et russe ­, avait servi de terrain d'affrontements entre la Russie tsariste, puis l'URSS, et l'Empire britannique. La première voulait pousser jusqu'aux mers chaudes, la seconde, craignant que cette progression ne menace toute l'Asie du Sud, avait cherché à l'en empêcher.

Partie inégale. Ces rivalités allaient occuper tout le XIXe siècle, déborder sur le XXe et continuer jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. On les avait résumées par l'expression le «Grand Jeu», reprise et popularisée par Rudyard Kipling dans son roman Kim. Avant lui, Lord Curzon, vice-roi des Indes de 1899 à 1906, avait lancé cette prédiction: «Turkestan, Afghanistan, Transcaspienne, Perse: pour beaucoup de gens, de tels noms évoquent seulement un mystérieux lointain, le souvenir d'aventures étranges [...]. Pour moi, je l'avoue, il s'agit là des pièces d'un échiquier sur lequel se dispute la partie pour la domination du monde.» Ce pressentiment se vérifia encore après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ayant remplacé la Grande-Bretagne comme protagoniste. Après l'invasion de l'Afghanistan par l'armée rouge, suivie par sa défaite, en 1989, le «Grand Jeu» semblait être terminé.

Mais, avec l'ir