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Libération

«Et soudain, ce fut le paradis»

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A partir des années 20, les voyageurs trouvent un pays ancestral submergeant de beauté.
publié le 16 octobre 2001 à 1h16

A la veille de la guerre (39-45), quand Ella Maillart et la fascinante Annemarie Schwarzenbach, sa compagne de voyage, entrent en Afghanistan par l'Iran au volant d'une Ford, elles ont à portée de main toute une bibliothèque. Dont Sur les traces du Bouddha, le livre du bel érudit (indépassable Empire des steppes) René Grousset. L'auteur y refait l'itinéraire effectué, du côté des années 630, par le Chinois Hiuan-tsang dans «l'antique Bactriane» et note combien le pèlerin-voyageur donne une description, encore exacte 1 300 ans plus tard, du site de Bâmiyân aujourd'hui défiguré. Longtemps, les voyageurs sont d'abord entrés en Afghanistan par les livres de voyage. Bruce Chatwin a payé sa dette en préfaçant la traduction française de Route d'Oxiane de Robert Byron, racontant comme ce livre des années 1930 fut pour lui fondateur et comme «sacré»: son exemplaire, «avachi par quatre voyages en Asie centrale», ne l'ayant «pas quitté» depuis le jour de ses quinze ans.

La diversité unique

Les spécialistes de ce pays ­ on ne peut plus sollicités aujourd'hui ­ que sont Olivier Roy et Mike Barry, ont raconté à Christophe de Ponfilly comment ils sont tombés très jeunes dans le pot afghan en lisant Joseph Kessel. L'un à travers les Cavaliers, l'autre en feuilletant à quatorze ans un texte de Kessel illustrant des photos prises en Afghanistan par Karl Flinker et Max Klimburg. Nicolas Bouvier, lui, part avec les Mémoires de Bâbour sous le bras, écrites au début du XVIe siècle.

Cet empereur, fon