Londres de notre correspondant
Quand les policiers français parlaient encore récemment du «danger islamiste» à leurs confrères britanniques, ils percevaient un léger sarcasme. «On nous prenait pour des paranos», se souvient l'un d'eux. Aujourd'hui, le Premier ministre Tony Blair se veut à la pointe de la lutte antiterroriste et dépêche ses troupes en Asie centrale. Mais ses services découvrent que l'ennemi se trouve aussi à quelques miles de son bureau. Depuis des semaines, les inspecteurs de Scotland Yard scrutent le «Londonistan», ce terreau du fondamentalisme musulman, plus que jamais en effervescence. Ils s'intéressent moins aux militants les plus tapageurs qu'à un imam très discret de l'ouest de Londres.
Juché sur une borne, un homme harangue les fidèles qui sortent de la grande mosquée de Regent's Park. «USA en enfer! Grande-Bretagne en enfer! Ben Laden fait la guerre! Ben Laden, on en veut davantage!» Ses cris sont repris par quelques dizaines de jeunes à la barbe naissante. L'orateur scande «Jihad, jihad!» pendant que ses partisans brûlent des tissus aux couleurs de l'Amérique et du Royaume-Uni ou crachent sur les photos des dirigeants musulmans «complices» de l'Occident. Dans une mise en scène importée tout droit d'Orient, affiches et drapeaux finissent en fumée, sous l'oeil impassible d'une douzaine de policiers de Sa Majesté. En ce vendredi, jour de prière, les islamistes radicaux viennent recruter des adeptes devant le lieu de culte musulman le plus officiel et le