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Libération
Éditorial

Principe de précaution

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publié le 19 octobre 2001 à 1h18

Après la maladie du charbon, les risques du nucléaire, y compris en France. Selon certains de nos lecteurs, mieux vaudrait ne pas évoquer le sujet pour ne pas donner de mauvaises idées aux terroristes. L'argument relève peut-être du fameux principe de précaution, mais il n'est guère recevable. Imaginer un seul instant que les cerveaux pervers qui ont planifié pendant des années et réalisé en moins d'une heure l'évaporation du World Trade Center puisent leurs idées de massacre dans la presse relève de l'angélisme. Quitte à se référer au principe de précaution, mieux vaut craindre qu'ils n'aient déjà dans leurs cartons quelque projet criminel d'escalade nucléaire, visant une ou plusieurs installations de cette catégorie. Mieux vaut donc prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir ce qui serait une nouvelle catastrophe majeure.

C'est dire, de ce point de vue, que la décision du gouvernement visant à renforcer la protection des sites industriels à risque est plus que bienvenue. On serait même en droit de s'étonner qu'elle n'ait pas été prise plus tôt, tous les experts s'accordant à reconnaître qu'aucune de la vingtaine de centrales nucléaires françaises n'a été conçue pour résister au choc d'un avion de ligne détourné par des terroristes kamikazes. Le cas de l'usine de retraitement de La Hague est encore plus critique puisque ce sont 7 500 tonnes de combustibles nucléaires qui y sont stockées ­ des dizaines de Tchernobyl en puissance! ­ et que cette installation est trop