Los Angeles correspondance
Ils sont américains. Fiers de leur citoyenneté, de leur passeport, de ce pays qui «les a accueillis et où leurs enfants sont nés». Musulmans, ils vivent la vie confortable des Californiens qui ont réussi, dans les affaires ou les professions libérales. Depuis le 11 septembre, ils ressentent le traumatisme national de l'Amérique. Ils ont sorti leurs drapeaux américains et accroché la pancarte «Fier d'être américain» à leur porte. Mais le jour où les frappes aériennes se sont abattues sur l'Afghanistan, leur «coeur s'est arrêté de battre».
Ces Afghans-Américains sont installés depuis plus de vingt ans à Los Angeles, mais c'est leur pays d'origine qu'on bombarde. Ils souhaitent tous la fin du régime taliban, ils soutiennent tous une intervention armée des Etats-Unis et de leurs alliés contre les terroristes, mais ils ne se réjouissent pas de voir encore une fois leur ancienne patrie dans la tourmente.
«Se débarrasser enfin des talibans.» Nahid et Manija elles ne donnent pas leur nom de famille par crainte que «les talibans les retrouvent» ont quitté l'Afghanistan en 1977, quand le roi Mohamed Zaher Shah était encore sur le trône, pour étudier en Amérique. Les parents, les frères et les soeurs les ont rejointes plus tard, quand les Russes (elles ne disent pas les Soviétiques) ont envahi l'Afghanistan, en 1979. Diplômées d'université, infirmières, mariées à des ingénieurs, musulmanes, elles ont éprouvé le même choc au premier jour des bombardements. Ac