Jérusalem de notre correspondante
C'était le 14 octobre dernier, au cours de la réunion hebdomadaire du gouvernement israélien. Plusieurs ministres protestent contre la récente décision de retirer l'armée de deux quartiers palestiniens de Hébron surplombant la colonie juive d'Abraham Avinou. L'un d'eux s'exclame: «Même le chef d'état-major des armées y est opposé, je l'ai entendu à la radio!» Ariel Sharon, le Premier ministre, fronce les sourcils et se tourne vers un de ses conseillers: «De quoi s'agit-il?» L'autre lui tend un communiqué qui fait rapidement le tour de la table. Diffusé le matin même par le chef d'état-major des armées, Shaul Mofaz, celui-ci a rang de déclaration politique: «[...] Le chef d'état-major s'oppose au retrait des collines d'Abou Sneineh et Harat a-sheikh et à un allégement des sanctions qui pourraient mettre en danger la sécurité des citoyens et des soldats israéliens.»
Colère. Rouge de colère, l'ex-général Ariel Sharon tape du poing sur la table et se tourne vers son ministre de la Défense, l'ex-officier Benyamin ben Eliezer: «Qu'est-ce qu'il nous prépare? Une carrière politique?» Celui-ci grince entre ses dents: «Oui, c'est exactement cela.» Sharon s'emporte: «On ne peut pas tolérer que les militaires se mêlent ainsi de questions politiques.» Les ministres, pour la plupart, approuvent.
Mise en garde. La punition de Mofaz tombe dans la journée: le chef d'état-major des armées se voit interdire de... donner des interviews! Trois jours plus tard, le 1