Washington
de notre correspondant
Jackie St. John, 47 ans, employée au bureau de poste National Capitol, va être testée dans quelques minutes de la maladie du charbon un simple prélèvement nasal et elle recevra préventivement des antibiotiques Cipro. Elle vient de faire une heure et demie de queue au pied du DC General, le grand hôpital de brique situé dans l'est de Washington, «l'hôpital des pauvres». «Je n'ai pas peur, mais je ne suis pas très tranquille, glisse-t-elle. Deux sont déjà morts, et ils auraient pu être sauvés. Mais les gens hauts placés se fichent de nous. Ils ne savent même pas qu'on existe.» Jackie parle de deux de ses collègues. Le maire de Washington a confirmé hier qu'ils étaient bien morts d'une forme respiratoire de la maladie du charbon.
Masque. Dans la longue queue, qui tourne à l'angle du bâtiment, certains postiers sont en short, d'autres arborent un masque de chirurgien autour du cou, presque tous portent la chemise bleu clair de l'uniforme et presque tous sont noirs. Ils arrivent par centaines, par cars entiers. Ils sont calmes, on entend des rires. Mais la colère effleure dans les conversations. Ils évoquent l'hospitalisation d'une employée des postes du New Jersey, les deux morts du centre de tri de Brentwood et leurs deux collègues qui sont dans un état «sérieux». «On se fait avoir... on se fait baiser oui!, dit Edward, 34 ans, un mécanicien rattaché à Brentwood. On nous a dit la semaine dernière qu'il n'y avait aucun risque, qu'il n'y avait p