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Libération
Éditorial

Dans l'arène

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publié le 30 octobre 2001 à 1h25

Les voyages en Corse constituent un exercice périlleux pour les ministres de l'Intérieur. Après Jean-Louis Debré, définitivement ridiculisé par le grand spectacle militaro-guerrier mis en scène en 1996 dans le maquis de Tralonca par les nationalistes clandestins, voici le tour de Daniel Vaillant. Bon soldat de la jospinie mais sans doute saisi par une ambition démesurée, le ministre de l'Intérieur s'était mis en tête de débloquer à lui tout seul le processus de Matignon compromis par la mauvaise humeur des élus nationalistes due en grande partie au refus du gouvernement d'envisager pour le moment le principe d'une amnistie ou le regroupement en Corse des nationalistes condamnés pour terrorisme. Peu lui importa, dès lors, que Jean-Guy Talamoni et ses amis aient refusé de le rencontrer durant son séjour à Ajaccio! Oublié de la même façon l'assassinat, le jour même de son arrivée sur l'île, d'un des derniers proches encore vivant de François Santoni! De telles broutilles n'allaient pas l'empêcher d'apporter la bonne parole: il venait, dit-il donc, de demander à la ministre de la Justice l'aménagement d'un centre de détention pour les condamnés nationalistes purgeant de longues peines.

Le charivari qui perdure depuis samedi est à la mesure de cette infinie maladresse. Alors que les nationalistes basques et bretons réclament un traitement égal à celui promis aux condamnés corses, les opposants de tous poils au processus de Matignon se déchaînent pour en sonner l'hallali. Marylise