La disproportion entre la puissance de communication des Etats-Unis et celle de leurs adversaires est aussi énorme que celle de leurs arsenaux militaires respectifs. Et pourtant, dans ce domaine aussi, les Américains piétinent. Le front de l'opinion n'est pourtant pas le moindre enjeu de cette guerre. On peut constater que le bon droit des Etats-Unis pèse peu devant les images de civils foudroyés par leurs bombes. L'impatience gagne dans les pays musulmans, dont les dirigeants n'ont soutenu la guerre antiterroriste qu'avec circonspection et en opposition à la majorité de leurs administrés.
Les manifestations de soutien aux talibans et à Al-Qaeda y sont restées marginales. Cela n'empêche pas que l'antiaméricanisme y soit largement dominant et que, selon toute apparence, il s'aggrave à mesure que les bombardements se prolongent. Le paradoxe est que les talibans se font transparents tout en contrôlant la quasi-totalité des images en provenance d'Afghanistan. Mais le monopole d'Al-Jazira et les photos d'enfants morts n'expliquent pas tout. Le bagout rustique de l'ambassadeur des talibans au Pakistan abat autant de travail que des centaines d'experts en communication qui planchent pour Washington.
Cela est dû non à la force des arguments talibans mais à la faiblesse des explications américaines. Même avec l'accent texan, ce qui se conçoit clairement s'exprime simplement. Or on a du mal à savoir ce que les Américains veulent précisément, quel but de guerre est réellement le leur. Mê