A force de vouloir débroussailler le maquis corse, le ministre de l'Intérieur finit par passer pour un incendiaire. En annonçant samedi matin à Ajaccio lors de sa rencontre avec les élus de l'Assemblée territoriale de Corse l'aménagement d'une partie de la maison d'arrêt de Borgo, près de Bastia, pour recevoir des détenus condamnés à des longues peines, Daniel Vaillant a mis le feu. Hier, Lionel Jospin a dû jouer les pompiers de service pour éteindre la vive polémique née des déclarations de son ministre. Des propos aussitôt interprétés comme une nouvelle concession faite aux nationalistes, qui depuis le début du processus de Matignon réclame le regroupement des «prisonniers politiques» (selon leur expression) sur l'île.
Face aux critiques de la droite, aux condamnations des chevènementistes et au malaise d'une partie des socialistes, Lionel Jospin a corrigé le tir hier, à Rennes (lire aussi page 16). Visiblement irrité par une «polémique» dont il «ne comprend pas les motifs», il a précisé au cours d'une conférence de presse expédiée en cinq minutes que, «ce qui est envisagé dans le cadre du plan de modernisation des établissements pénitentiaires, c'est la création d'un centre de détention pour les longues peines. Tant qu'un tel centre n'est pas créé dans l'île, il n'y a rien de changé». Les pieds en Bretagne, la tête en Corse, il s'est fendu d'un éloge au «modèle breton»... aux allures de défense et illustration, toujours implicite, de son «pari pour la Corse». Et de conclur