Nissan est venu à bout d'un symbole français. En entrant dans le capital de Renault, encore détenu à 44,2 % par l'Etat, le constructeur japonais tourne, sans le vouloir, une page de l'histoire de l'entreprise. Hier, Louis Schweitzer, PDG de Renault, et Yoshikazu Hanawa, président honorifique de Nissan, ont annoncé depuis Paris et en retransmission satellite avec Carlos Ghosn, patron de Nissan resté à Tokyo, la prise de participation de 15 % de Nissan dans le capital de l'ex-Régie.
Semblant de parité. Même si elle avait été envisagée dès le 28 mars 1999, jour de l'annonce de l'alliance entre les deux constructeurs, cette entrée au capital est intervenue plus vite que prévu. Le spectaculaire rétablissement financier de Nissan, tenu pour moribond il y a à peine deux ans, a mis la pression sur le camp français. Pour rétablir un semblant de parité au sein du groupe et redonner un peu de fierté à des salariés japonais qui ont vécu la prise de contrôle du français comme une profonde humiliation, le calendrier initial a été précipité. D'autant que Renault, lui, accuse le coup et traverse en ce moment un mauvais trou d'air.
Miracle de la finance moderne, le japonais n'aura pas à s'endetter pour retrouver son honneur. Nissan se servira des 2 milliards d'euros que Renault va lui donner en échange d'une montée de 36,8 % à 44,4 % dans son capital. Si le Japon se réjouit des 15 % symboliques dans Renault, le camp français, lui, exulte. Avec ses 44,4 %, il espère être définitivement à l'abri