Nouveaux héros de la nation, les commerçants seront en première ligne pour faire passer leurs clients, autrement dit tout le monde, à l’euro. Cet honneur provoque chez eux des réactions variées. Tour d’horizon en cinq familles.
Les motivés
Ceux-là y sont déjà. En tête du groupe, évidemment, la grande distribution. Ayant modifié ordinateurs et caisses, elle entreprend maintenant d’adapter les cerveaux de son personnel. Chez Auchan, le «challenge eurocaisses» est simple: les «hôtesses de caisse» doivent inciter les clients à utiliser les euros pour les paiements par chèques et par cartes; chaque semaine, celle qui en enregistre le plus gagne une bouteille de champagne. Auchan espère que 70 % des paiements scripturaux s’effectueront en euros dès fin novembre dans tous ses magasins. Dans celui de Bagnolet (93), un classement quotidien signale les meilleures hôtesses, mais aussi les lambines. Pourtant, «on trouve de vraies championnes, dit Xxxx, chef de caisse. Certaines atteignent presque chaque jour un score de 100 %.» Une motivation qui a son revers: «Quelques hôtesses passent parfois un temps fou à essayer de convaincre chaque client, ce qui peut entraîner une énorme queue en caisse.» Car, comme l’observe une caissière, «dans l’ensemble, les clients sont encore assez réticents».
Les vrais commerçants motivés essaient de passer en force. Dans un Monoprix du XVIIIe arrondissement de Paris, la caissière annonce «54,17 euros». Le client veut payer en francs? Elle sort une ban