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Libération
Éditorial

Test d'intelligence

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publié le 5 novembre 2001 à 1h30

L'année aura été rude: la guerre rôde, la récession pointe. Noël et le jour de l'an tombant un mardi, avec ces deux longs ponts presque contigus, on aura tout loisir de noyer ses soucis en festoyant. Sauf que, sitôt fini le réveillon de la Saint-Sylvestre, il faudra payer les cachets d'aspirine en euros, ce qui fera mal à la tête. A quelques semaines de cette échéance, on se retrouve devant elle comme devant un examen qu'on croit pouvoir réussir sans réviser et auquel on évite de penser.

Ceux qui sont habitués aux voyages internationaux ne seront pas trop dépaysés. Il ne leur sera pas beaucoup plus difficile de vivre en euros qu'il leur est de compter en dollars ou en pesetas. Le plus troublant sera la coexistence momentanée des deux monnaies. Rien, là encore, de surhumain: c'est ce que font déjà machinalement des millions de riverains d'un côté et de l'autre des frontières monétaires qui vont disparaître. A ce sujet, deux écoles s'affrontent, les partisans du fast euro et ceux qui préféreraient prendre leur temps. Il est probable que ce sont les premiers qui ont raison, la double circulation fiduciaire favorisant les occasions de dyslexie.

Ce scénario suppose que l'irrigation des euros en chair et en os, depuis la banque centrale jusqu'aux presque soixante millions de gentils consommateurs, se soit effectuée de manière efficace. Tous les pays concernés ont la hantise de la panne, la crainte que le règne de l'euro commence par un eurochaos. Certes, depuis le passage indolore d