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Libération
Éditorial

Conservatisme

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publié le 10 novembre 2001 à 1h35

A force de se demander à tous propos si la République est en danger, on va finir par ne plus trop savoir ce qu'est la République. Question du jour: l'enseignement par immersion du breton menace-t-il la forme républicaine de l'Etat dès lors qu'on intègre les écoles Diwan dans l'enseignement public? Les arguments du mouvement laïque qui a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat, ne sont pas à négliger. En faisant du français une langue introduite comme une langue étrangère dans le cursus scolaire, on ferait le jeu de ceux qui voudraient, de proche en proche, porter atteinte à l'unicité d'une République définie, entre autre, par la langue de Voltaire. Certes les arrière-pensées politiques ne sont pas absentes chez certains bretonnants, mais accordons-leur à tous, qu'à la différence des nationalistes corses, ils ne veulent pas faire une obligation de l'enseignement en langue locale, ce qui est conforme à un autre principe républicain qui est l'égalité de traitement scolaire dû à tous les citoyens. Et la liberté de leur choix. Mais au-delà des polémiques de principes, l'argument fort des promoteurs de l'immersion, que ce soit en breton, en basque, en occitan, en corse, mais aussi dans toutes les langues du monde, c'est qu'il s'agit de la méthode la plus efficace d'apprentissage linguistique dès lors qu'elle s'applique à partir de la maternelle. Les enfants, puis les adolescents qui ont baigné dans le bilinguisme, ont une agilité d'esprit qui les rend performants scolairement, et