Menu
Libération
Éditorial

Tournant

Article réservé aux abonnés
publié le 10 novembre 2001 à 1h34

Il aura fallu un mois pour que les frappes de l'US Air Force ouvrent la voie à une première victoire des opposants aux talibans. La prise de Mazar-i-Sharif par l'Alliance du Nord, si elle se confirme, aurait une importance psychologique autant que militaire. Elle prouverait d'abord que le rapport des forces sur le terrain est en train de changer, et que les capacités de résistance des talibans s'effritent. Ceux-ci ont dû s'éparpiller plutôt que de se laisser massacrer sous les bombes en tentant de défendre la ville. C'est un scénario qui promet de se répéter autour d'autres cités, et tôt ou tard à Kaboul. Il serait certes hasardeux de crier victoire. La guerre durera et elle connaîtra bien d'autres renversements. Les talibans pourront continuer de mener, comme jadis les Khmers rouges, une guérilla meurtrière, surtout tant que le Pakistan sera pour eux un sanctuaire. Et Ben Laden continuera de se terrer dans ses grottes. Mais la consolidation du nord (et de l'ouest) du pays en une zone libérée des islamistes et arrosée par l'aide humanitaire et militaire internationale devrait agir comme un aimant, attirant la population et le ralliement de combattants qui soutenaient les talibans par calcul et intérêt. Les imprécations religieuses de ces derniers ne pèseront pas lourd à la longue face à l'impact continu des bombes, du matériel militaire et des aides alimentaires et médicales, sans parler d'un minimum de libertés. A condition évidemment que la poursuite de l'annihilation mili