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Libération

Kaboul retrouve une vie «normale»

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Les médias reprennent leur place, mais pas les femmes.
par Alfonso ROJO
publié le 15 novembre 2001 à 1h37

Kaboul envoyé spécial

A peine inaugurée, Radio Afghanistan a embauché trois speakerines. Elles parlent au micro et déambulent tête nue dans le studio. Mais avant de rejoindre la rue, elles remettent le tchadri. Deux jours après la fuite précipitée des talibans, on voit déjà des hommes au visage rasé. Les enfants lancent de nouveau des cerfs-volants. On entend la musique des radiocassettes. Les téléviseurs d'occasion se vendent comme du pain chaud. Toutes les heures, les habitants se regroupent sur le trottoir pour écouter les bulletins d'information de la BBC, de Radio Iran ou de la Voix de l'Amérique. Des magasins de vidéos ont même rouvert. On y trouve des films indiens et toute la série des Rambo. Une chose ne change pas: la coutume folle et cruelle de voiler les femmes de la tête au pied. Dans quelques semaines, les collèges rouvriront: les institutrices, honnies par les troupes du mollah Omar, réapparaîtront. D'autres femmes resurgiront après six ans d'absentéisme forcé, celles qui occupaient des postes importants. Mais la grande majorité des Afghanes continuera comme toujours: muettes, cachées, à peine plus haut placées dans l'échelle sociale qu'un âne battu.

Changements. L'excitation des premières heures est retombée. Kaboul retrouve la normalité. Aux portes des ministères, les gardes pouilleux ont changé, et, à l'intérieur, les anciens responsables ont disparu. Mais derrière les guichets, on retrouve les mêmes fonctionnaires. Des militaires contrôlent les carrefours, e