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Libération
Éditorial

La rançon du succès

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publié le 15 novembre 2001 à 1h37

Les premiers pour lesquels l'effondrement du pouvoir taliban est un motif de réjouissance, ce sont les millions d'Afghans menacés de famine par l'approche de l'hiver, les ONG pouvant opérer plus efficacement avec un pouvoir «ami». Dans l'ordre des bénéficiaires, viennent, tout de suite après, les femmes et les filles, qui retrouvent une liberté d'activités et d'enseignement quoique dans les bornes assez étroites de la tradition locale.

Les vainqueurs de l'heure auront réussi le tour de force de reprendre le pouvoir quasiment sans tirer un coup de feu. En brûlant la politesse à leurs parrains américains et en prenant Kaboul et les trois quarts du pays dans la foulée, ils se sont donné une position dominante que tous les échafaudages diplomatiques et politiques cherchaient à leur interdire et de laquelle il ne sera pas simple de les déloger. Au minimum, ils ont aujourd'hui les moyens de faire monter le prix de leur collaboration.

Les Etats-Unis, à l'agréable constat du bien-fondé de leur stratégie, peuvent ajouter le soulagement de ne pas avoir à trop bombarder pendant le ramadan. Mais ce succès comporte aussi des inconvénients: ils doivent plus que jamais veiller à la cohésion de leur «alliance antiterroriste». Le Pakistan, qui avait exigé que l'Alliance du Nord ne pénètre pas à Kaboul, a essuyé un affront. Il reste pourtant un allié de la plus haute importance, ses territoires occidentaux étant aux mains de tribus pashtounes quasi incontrôlées qui peuvent servir de base arrièr