La lutte contre le terrorisme est un impératif, tout particulièrement pour les démocraties. Elles perdraient jusqu'à leur légitimité si elles renonçaient à livrer ce combat. Encore faut-il qu'elles ne se dénaturent pas dans cette épreuve, qu'elles respectent leurs règles de droit, qu'elles ne procèdent à aucun amalgame. Bref, qu'elles ne profitent pas d'une inquiétude tout à fait légitime pour mettre en vigueur ou aggraver des mesures d'ordre public qui n'ont rien à voir avec l'antiterrorisme.
C'est à la lumière de ces principes qu'il convient de juger la loi sur la sécurité quotidienne promulguée jeudi dernier par le président de la République. Force est de constater, de ce point de vue, que cette loi, destinée à l'origine à renforcer la sécurité publique mais à laquelle ont été ajoutés à la va-vite treize amendements dits antiterroristes, pose problème. D'abord parce que ce texte relève justement de cette pratique de l'amalgame, toujours dangereuse, en particulier en période électorale. En veut-on un exemple? La disposition surréaliste prévoyant une peine de six mois de prison pour le voyageur surpris dix fois dans l'année sans billet de train serait-elle passée comme une lettre à la poste si elle n'avait pas bénéficié de l'émotion consécutive aux attentats du 11 septembre? Elle est pourtant sans aucun rapport avec la lutte antiterroriste; on voit mal en effet les sicaires de Ben Laden prenant de tels risques alors qu'ils ont pour consigne de ne surtout pas se faire remarqu