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Libération

Voyager sans billet devient un délit

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Les fraudeurs à répétition risquent six mois de prison.
publié le 17 novembre 2001 à 1h39

Un coup de massue. Voilà ce que ressentent les chômeurs, les RMistes, les sans-logis après le vote d'une mesure qui punit de six mois de prison et de 50 000 francs d'amende (7 500 euros) ceux qui seront attrapés sans billet de train ou de métro plus de dix fois dans l'année. Ce qui n'était qu'une contravention devient un délit qui frappera les plus démunis. «Ça aura pour effet d'assigner à résidence les ménages pauvres et ce, en l'absence de transports gratuits à la SNCF ou à la RATP. Seront visés les SDF qui vont de ville en ville, les jeunes fauchés qui ont besoin de sortir des cités, les chômeurs...», dénonce Jean-Baptiste Eyraud, le président de Droit au logement (DAL). A Action contre le chômage (AC!), Eric Ducoing est «abasourdi». Il raconte les permanences de l'association où défilent ceux qui demandent qu'on les aide à former des recours en grâce contre les amendes SNCF, de bus ou de métro. «Nous entendons sans cesse Jospin et Guigou affirmer qu'un des premiers objectifs de la charte des droits fondamentaux est l'accès aux services publics et voilà ce qu'ils font voter!» L'amende de 50 000 francs le fait presque sourire: «A quoi cela sert-il? Nos revenus sont si faibles qu'ils sont insaisissables.» Quant aux mois de prison: «C'est sûr, ils seront dissuasifs, surtout pour les personnes fragiles socialement. De même, on interdit aux jeunes les halls d'immeuble, mais sans prévoir de locaux pour qu'ils puissent se réunir.» La menace d'incarcération risque aussi, selon lu