Kaboul envoyé spécial
Ne serait-ce son poste de garde bétonné, barré de lourdes portes en fer, la «caserne des Arabes» passerait pour une résidence cossue. Villa coquette parmi tant d'autres dans le quartier de Parawan, l'une des adresses les plus prisées de Kaboul. Difficile d'imaginer une base terroriste liée à Oussama ben Laden cachée derrière les murs de cette bâtisse bourgeoise. Pourtant, les voisins sont formels: «Al-Qaeda avait installé ici l'un de ses plus importants centres de commandement.» Nassir l'assure: «Autour de ce centre gravitaient entre 60 et 70 volontaires venus de la péninsule arabique. C'est là qu'ils montaient les opérations, venaient prendre leurs ordres, organiser les batailles. Mais ils n'y faisaient pas d'entraînement. Ce n'était pas un camp militaire, juste un état-major pour les chefs du mouvement et les unités spéciales de la 55e brigade», les troupes islamiques de choc venues combattre aux côtés des talibans.
«Détour». Rumeur ou spéculation? Les résidents de Parawan n'en démordent pas. Même s'ils avouent n'avoir jamais approché la caserne de trop près. «Les gens avaient peur, explique Nassir. Nous faisions un détour plutôt que de passer devant sa porte. Pour éviter les gardes. Si on croisait leur regard, ils nous demandaient ce qu'on voulait. Ils pouvaient nous arrêter, nous accuser d'espionnage. Ils étaient très puissants.» Un blason à deux sabres peint sur le mur d'enceinte valait tous les avertissements. Aux temps récents du règne taliban, per