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Éditorial

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publié le 19 novembre 2001 à 1h39

La faute du préfet Bonnet devra être établie, le cas échéant, par la justice. Si tant est qu'elle parvienne à arbitrer dans la partie de défausse à laquelle se livrent le haut fonctionnaire et les gendarmes autour de l'incendie d'une paillote de la plage d'Ajaccio. Mais quand bien même le principal accusé du procès qui s'ouvre aujourd'hui en ressortirait innocenté, il resterait coupable d'avoir porté à l'Etat de droit en Corse un préjudice au moins aussi grave que les diverses malfaisances des encagoulés insulaires. Nommé au lendemain de l'assassinat du préfet Claude Erignac, Bernard Bonnet est arrivé dans l'île au moment où une prise de conscience de ses habitants rendait possible une action résolue pour que la loi de la République prime désormais sans faiblesse sur la loi des clans et des clandestins. La société corse était mûre pour rompre avec les complaisances du passé.

Dans les premiers temps, Bernard Bonnet avait donc tout pour réussir; il allait rapidement échouer, bien avant l'épisode imbécile des paillotes, face à un adversaire implacable: lui-même. Certes, sa tâche n'était pas facile avec certains élus enclins au double langage, avec des services de l'Etat divisés. Mais là où il aurait fallu être avisé, patient et ferme, il fut manichéen, précipité et autoritaire. Et il s'enferma dans un bunker, entouré d'une garde prétorienne. On peut bien sûr mettre en cause l'aveuglement de ceux qui l'avaient nommé, et, en l'occurrence, le fait qu'il n'y avait pas beaucoup de vo