Que faire avec l'Afghanistan? La question peut sembler prétentieuse, surtout si elle est lancée à partir d'un pays démocratique. Pourquoi les Afghans ne seraient-ils pas tout simplement «maîtres de leur destin»? La réponse est évidente tant que l'on en reste à une discussion de principes. Pourquoi chipoterait-on avec le dogme onusien de l'autodétermination au cours de la conférence qui s'ouvre demain à Bonn pour tenter de régler le problème du posttalibanisme?
La réalité, malheureusement, n'aide en rien à résoudre l'équation afghane. Qu'on le veuille ou non, qu'on le déplore ou non, l'Afghanistan incarne un déphasage historique qui le met à l'écart des «recettes» démocratiques qui peuvent nous venir à l'esprit; vouloir les appliquer dans cette société proprement médiévale, dominée par les rivalités et les craintes ethniques, fondée sur des loyautés seigneuriales, minée par les prétentions des puissances voisines, dépourvue donc de toute allégeance à un pouvoir central, serait se condamner au plus total des échecs. Au mieux (?), comme une France inexistante il y a plusieurs siècles, l'Afghanistan est une nation en formation. Au pire (?), cette nation ne verra pas le jour. Dans les deux cas, si l'on part de l'idée que la création d'un sentiment national relève d'un déterminisme incontournable, les guerres et les massacres sont au programme. Nous en savons quelque chose, même si nous préférons l'oublier pour mieux célébrer le peuple français. Ce peuple, pourtant, n'est pas né da