Il faut se méfier des unanimités qui cachent le plus souvent des malentendus. Par exemple, l'adoption à l'unisson, voici seulement un an, de la loi sur la présomption d'innocence, ressemble aujourd'hui à une erreur de programmation, une bonne part de l'opinion politique et parlementaire s'étant retournée comme crêpe en poêle.
Chez beaucoup de politiciens, l'invocation des nobles principes de la philosophie de droit servait d'alibi à leur ressentiment contre les magistrats qui avaient secoué une longue tradition d'intouchabilité. Ceux-là n'ont pas de mal aujourd'hui à tourner casaque, comme si la présomption d'innocence, qui est fort bonne pour les gens de bien, perdait de sa pertinence quand on essayait de l'appliquer aux suspects ordinaires.
La fameuse loi Guigou portait en elle sa propre remise en cause, tant les moyens de son exécution étaient disproportionnés à sa grandeur d'âme. Dès le jour de son adoption, on savait que l'intendance ne suivrait pas; et, en effet, elle n'a pas suivi. Elle entraînait un surcroît de travail, policier et judiciaire, qui n'a pas été pris en compte, ce qui a alimenté des ressentiments qui ne sont que partiellement liés au thème sécuritaire (salaires, profils de carrière et autre RTT), mais que celui-ci unifie.
La loi sur la présomption d'innocence devient ainsi le bouc émissaire d'une course au mieux-disant sécuritaire. Avant même le 11 septembre, une inversion climatique était déjà perceptible, de couvre-feux estivaux en rage antirave. Le gouv