Jean-Pierre Mignard, avocat et directeur de la revue Témoins, Alain Vogelweith, ancien président du Syndicat de la magistrature et magistrat en poste auprès de la défense des enfants, et Mario Vaudano, magistrat italien, ont participé à la rédaction d'un ouvrage collectif intitulé Justice pour tous, où se côtoient juges, avocats, professeurs de droit, philosophes, sociologues et historiens. Leur propos concerne tant l'accès au droit des citoyens, que la coopération judiciaire européenne ou internationale, l'élaboration d'une nouvelle régulation constitutionnelle ou une réflexion sur l'égalité des citoyens face à la justice. Dans cet ouvrage publié à La Découverte, le cap est aussi maintenu sur quelques axes de réforme aujourd'hui contestés. Interview croisée sur les soubresauts que connaît le monde judiciaire depuis la rentrée, entre contestation de la loi sur la présomption d'innocence, montée d'un débat sécuritaire et remise en cause du rôle des juges d'instruction.
Le débat sur la loi présomption d'innocence ne repose-t-il pas en partie sur un malentendu, puisque cette loi a notamment été pensée pour les «cols blancs» de la délinquance financière, personne ne voulant voir qu'elle s'appliquerait à tout le monde?
Jean-Pierre Mignard. La loi sur la présomption d'innocence correspond à un progrès, à l'harmonisation de notre droit avec la Convention européenne des droits de l'homme. Elle a correspondu aussi à la prise de conscience par les élites du caractère brutal et partial d