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Libération
Éditorial

Où est l'Europe?

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publié le 30 novembre 2001 à 1h46

Les forces américaines et leurs alliés préparent l'hallali contre ce qui reste des talibans et de la légion islamiste de Ben Laden. Les antitalibans réunis à Bonn par les Nations unies négocient, sous le regard attentif de leurs «parrains» (Pakistan, Iran, Russie, Etats-Unis), les contours encore flous d'un futur régime afghan. Les Européens, eux, brillent surtout par leur absence. Entre les troupes virtuelles de Schröder, celles de Chirac, ensablées en Asie centrale, et la poignée d'hommes de Blair, qui en avait promis des milliers, les Européens en sont réduits à faire de la figuration dans la fresque afghane. Les Américains n'ont pas besoin d'eux pour traquer Ben Laden. Les Afghans n'acceptent de force multinationale qu'à reculons, et préfèrent qu'elle soit de confession musulmane. On comprend l'agacement des Européens qui savent qu'Américains et Afghans penseront à eux quand viendra le temps de payer la facture de «Liberté immuable». D'autant qu'ils redoutent la suite du scénario écrit à Washington. Bush cultive l'ambiguïté stratégique, mais des voix officielles ne cachent pas qu'après les talibans les Américains s'occuperont d'autres nids de serpents terroristes. Schröder, Chirac et Blair ont exprimé leurs craintes que soient visés des pays comme la Somalie, le Yémen et, surtout, l'Irak. Il est à redouter que leurs mises en garde soient aussi peu écoutées que l'ont été leurs offres de service. Car la «guerre au terrorisme» ne prendra pas fin avec la prise de Kandahar ou