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Libération
Éditorial

Déséquilibre

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publié le 3 janvier 2002 à 21h34

Une brassée de félicitations europhoriques a salué les premiers pas de la monnaie européenne, banquiers et ministres n'étant jamais en manque d'autosatisfaction. On en viendrait à oublier que l'euro, comme toute monnaie, ne peut être une fin en soi. C'est même le plus «ustensilitaire» des outils. La seule question qui vaille est donc: à quoi servira l'euro maintenant que son existence est acquise?

Les réponses des économistes se font prudentes, tant à l'égard de l'uniformisation des prix dans l'UE, l'euro rendant plus flagrante leur disparité, qu'à son éventuel rôle de monnaie de réserve, en parallèle sinon en concurrence avec le dollar. De même, l'évolution de son taux de change par rapport à cette devise ­ semble-t-il émoustillé par la mise en circulation d'euros physiques et généralement pronostiqué à la hausse à moyen terme ­ reste une inconnue.

Il est au moins une certitude: nous sommes embarqués. La ressemblance des scènes de joie devant les DAB lors de la nuit de la Saint-Sylvestre aux quatre coins de l'Europe est un exemple rare d'émois partagés. Emotivement, l'Europe reste une terre stérile. Son image est presque exclusivement liée aux choses sérieuses, peut-être indispensables mais définitivement ennuyeuses, quand elles ne sont pas contraignantes. Les pièces et billets d'euros mettent un peu de chair sur cette entité lointaine, et un peu plus de partage entre les Européens.

Mais surtout, cette neuve monnaie marque un déséquilibre. Il existe d'autres banques centrales